Un peu d'histoire


Le Château Ferme de Macon

 

La période de construction

 

L'histoire ne fournit pas d'autre exemple d'une région aussi obstinément ravagée par la guerre que ne l'ont été les Pays-Bas catholiques depuis le règne de Philippe II jusqu'à la paix d'Utrecht. Guerre civile tout d'abord, puis guerre au Nord contre la République des Provinces-Unies et guerre au Sud contre la France.

 

Les guerres, "comme une tragédie bien conduite", reprennent avec un redoublement de fureur après chacun des entractes qu'y introduisent les traités: Pyrénées, Aix-La-Chapelle, Nimègue, Ratisbonne et Ryswyk.

Durant les 65 ans qui s'écoulent du traité de Munster à celui d'Utrecht, la paix est un état exceptionnel et anormal. (Pirenne : Histoire de Belgique).

 

Cette sombre période de notre Histoire a été, à juste titre, nommée « le siècle de malheur », ces malheurs du temps qui vont conditionner l'architecture simple et sobre de ligne, mais complexe de plan, économique et surtout défensive du Château-Ferme de Macon.

Description sommaire du monument

 

Les châteaux-fermes ne sont pas comparables aux nobles châteaux qui leur sont contemporains. En fait, ce ne sont que de grosses maisons que leur ampleur distingue immédiatement, aujourd'hui encore, des habitations villageoises, et qui avaient le privilège d'être édifiées en matériaux durables au milieu de masures souvent en torchis avec toits de chaume.

 

L'idée de château-ferme évoque souvent des défenses redoutables. A dire vrai, notre château-ferme en imposait davantage par son aspect, par ses allures pseudo-militaires que par l'efficacité opérationnelle de ses défenses. Au moment même de la construction, les éléments fortifiés sont déjà insuffisants, voire démodés.

 

Aux confins de l'Avesnois et de la Thiérache, à flanc de coteau de la verdoyante vallée de l'Helpe, au coeur du village de Macon, le château-ferme, massive construction en pierre bleue locale, se développe dans un vaste quadrilatère de 45 mètres de côté.

 

Construit en 1616 par le maître de forge Nicaise Poschet et sa femme Jacqueline du Moustier, ainsi qu'en attestent les ancrages de fer forgé qui parent la façade principale, l'architecture en est relativement complexe et conforme aux difficultés du temps.

 

A l'aube du «siècle de malheur », la région frontalière est peu sûre; Chimay sera assiégée six fois en quelque vingt années. Les pillards, les bandes armées, la soldatesque dictent à l'époque la nécessité de la construction d'une « maison forte ».

Les éléments dominants sont le corps de logis principal et la tour d'angle Nord-Est.

Cette tour massive répond à deux paramètres essentiels : la sécurité et l'habitat, le tout couronné d'une importante symbolique de « hauteur ». La composition en est classique, la bâtisse sur plan quadrangulaire dispose de solides murailles (plus d'un mètre d'épaisseur) et de peu d'ouvertures, en particulier au bas.

 

Le niveau d'assise assez trapu est couvert d'une voûte en berceau ; robuste, il résiste aux assauts ; frais et sombre, il sert au stockage des provisions. On y descend depuis le haut au moyen d'échelles intérieures. En effet, l'accès coutumier de la tour s'opère par une passerelle volante depuis le dernier étage du corps de logis principal et devait servir de dernier refuge si ce dernier devait être envahi par l'ennemi.

 

La forme même de la tour carrée adoptée a pour modèle les donjons romans du XIIème siècle. Cependant, même l'épaisseur des murs ne lui donne pas les qualités de résistance de ces vénérables donjons car l'art des fortifications à fait de grand progrès ; l'usage des armes à feu s'est répandu et les larges murs n'offraient guère de protection devant une troupe possédants un peu d'artillerie.

 

Les meurtrières et les canonnières pour armes portatives, apparaissent d'avantage comme dissuasives et symboliques plutôt que comme une défense efficace. Elles devaient protéger les habitants contre les incursions des bandes de rôdeurs, contre ce danger si fréquent à l'époque des soldats mal payés ou de déserteurs vivant de leurs rapines.

Le corps de logis proprement dit rassemble sous une façade unique diverses constructions du XVIème siècle. Le rez-de-chaussée servait de magasin et l'étage d'appartement de résidence au maître des lieux.

 

Détaché de la tour à l'origine, le corps de logis fut modifié et engloba la tour à la fin du XVIIIème siècle. Les battées pour les volets des baies principales permettent de deviner l'importance des volets de chênes bardés de fer ; ces baies sont doublées depuis l'origine par diverses meurtrières ou bouches à canon.

 

Les communs pour une domesticité nombreuse, aujourd'hui bergerie, la monumentale grange comportant la maréchalerie, les écuries, les étables, le chartil et les greniers, avec les ateliers indispensables à une vie en autarcie, complètent cet ensemble et lui donne un aspect quelque peu rébarbatif et dissuasif.

 

L'an 1749, le Comte Nicolas-Louis de Lespine, descendant par alliance de Nicaise Poschet vendit sa « maison forte » de Macon.

Le monumental ensemble démantelé, le bâtiment principal devint auberge ; les annexes, ateliers de sabotiers et de tisserands.

 

C'est au début du XXème siècle que le tout réadapté, devint exploitation agricole.

La commune de Momignies a fait l'acquisition de ce superbe témoin, l'a restauré avec un grand souci du respect du patrimoine et de son histoire, en maintenant autant que possible les plafonds d'origine, les carrelages, les cheminées, les portes, placards, etc. Cette réalisation a été cofinancée par l'Union Européenne dans le cadre du programme du Phasing Out de l'objectif 1. (2000-2006), par la Région Wallonne via le Commissariat Général au Tourisme et la Direction générale de l'Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine.

 

Subdivisé en quatorze appartements de caractère mais avec le plus grand confort, le château-ferme a été affecté dès l'été 2004 à l'hébergement pour touristes.

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